Le village s’inscrit dans la civilisation des « oppida » qui sont des lieux d’habitat implantés sur des éminences géographiques dès 2000 à 1500 ans avant notre ère.
La colonisation romaine et la création de la Via Domitia au IIe siècle av. J.C. contribuent au développement urbain de son histoire. Saint Thibéry est mentionné sur quelques itinéraires antiques sous le vocable de Cessero ou Araura, rappelant ainsi la proximité du fleuve Araur (Hérault).
Devenu cité latine, ce mansio (gîte d’étape), jouit d’une certaine renommée dans la province de la Narbonnaise. Au IXe siècle, Cessero prend le vocable de Saint Thibéry en l’honneur de son saint patron.
L'ABBAYE DE SAINT-THIBÉRY
Tibérius né en 293, fils du gouverneur romain d’Agde, se convertit à l’âge de 10 ans à la nouvelle religion chrétienne sous l’influence de son précepteur Modeste. Persécuté, martyrisé, il est mis à mort sous Dioclétien dans un petit bois au bord de l’Hérault, en compagnie de Modeste et d’une dame romaine, Florence. Ils seraient inhumés sur les lieux mêmes.
Au VIIIe siècle, Attilio, disciple de Saint Benoît d’Aniane, fonde un monastère bénédictin où les pèlerins viennent vénérer les reliques des trois martyrs. Ce monastère subsistera jusqu’à la Révolution.
La Gleyzette église primitive souterraine du 9e siècle située sous le parvis de l’abbatiale. Elle passe pour avoir été édifiée sur le tombeau de Saint-Thibéry et de ses compagnons martyrs.
L’Abbatiale romane reconstruite au XVe siècle dans le style gothique. Classée monument historique en 1923, elle est riche entre autre de ses marbres polychromes et de ses boiseries et stalles du XVIIIe siècle.
Sur la place Saint Sauveur (parvis de l’Eglise), se dresse la Tour renaissance, campanile érigée en 1509 par l’Abbé Jean IV du Puy. Elle a abrité jusqu’à huit cloches avant la révolution, il n’en reste qu’une pour sonner le tocsin ou prévenir la population d’un événement imprévu. Si l’abbatiale avait été terminée, la Tour en aurait constitué le clocher. Les plans originaux n’ont pas été respectés faute de moyens financiers. L’entrée de l’église aurait donc dû se situer au même niveau que la tour. Elle est classée monument historique depuis 1923.
Au rez de chaussée, une salle voûtée hébergeait les aliénés venus implorer le saint patron du village réputé pour guérir les maladies mentales.
Un très bel escalier à vis permet d’accéder aux étages supérieurs. Au premier étage, dans la salle Jean du Puy les armoiries de cet abbé ornent la clef de voûte. Une salle voûtée semblable à la première occupe le second étage. Une tourelle ronde coiffe en partie le sommet de la tour.
On a attribué à Tibéri, après sa mort, des pouvoirs miraculeux. Des malades venaient prier sur son tombeau, en particulier ceux qui avaient perdu la raison. Ils étaient logés dans la tour et restaient durant une neuvaine de prières, dans la salle du bas dont la porte était fermée par un barroul*. Ils sortaient seulement pour assister aux cérémonies dans la Gleisette*. Au retour, certains entraient sans difficulté dans la tour mais les récalcitrants devaient être traînés à l’intérieur. Pour retarder le moment où ils seraient enfermés, ils s’agrippaient au barroul et le serraient même avec leurs dents. C’est pour cela que depuis, à Saint-Thibéry et aussi dans les environs, on dit de quelqu’un qui a l’esprit dérangé : « lou cal menar a San Tibéri baïsar lou barroul ». (Il faut le mener à Saint-Thibéry embrasser le barroul).
**La Gleisette : Eglise primitive souterraine du 9e siècle située sous le parvis de l’abbatiale. Elle passe pour avoir été édifiée sur le tombeau de Saint-Thibéry et de ses compagnons martyrs.
*verrou
** petite église
Le dortoir des moines a été reconstruit au début du XVIIIe siècle à l'emplacement des bâtiments médiévaux. La première pierre fût bénie sollenellement le 9 avril 1707. Il comportait 20 cellules.
Le cloître possédait, au début du XXe siècle, un passage qui permettait de rejoindre cette partie du village à la partie sud ; dans ce village, se trouvent les vestiges d'un escalier monumental.
L’ancien oppidum de Saint Thibéry est soutenu par de magnifiques orgues basaltiques, résultat du refroidissement d’une coulée de lave lors d’une éruption des volcans des Monts Ramus, il y a environ 650 000 ans. Du haut de cette curiosité géologique située au cœur du village, le regard embrasse un vaste paysage à 360° : les monts de l’Espinouse avec le majestueux Caroux, le Pic de Vissou, les contreforts du Larzac, le mont St Baudille… le mont Ramus et tous les villages environnants. Au premier plan côté nord nous avons une vue d’ensemble de Saint Thibéry avec son abbaye.
Il a été la propriété des moines jusqu’à la Révolution.
Quatre meules permettaient de moudre le blé abondamment cultivé dans notre région au Moyen âge.
Il a été racheté et en 1988 restauré par un particulier qui a changé son utilisation en y adjoignant une petite centrale hydraulique.
Tout près du Moulin à Bled, nous pouvons admirer les vestiges d’un pont dit romain dont l’origine n’est pas avérée. Il comprenait neuf arches, il n’en reste plus que trois visibles. Certains historiens le situent sur la Via Domitia. Hannibal l’aurait emprunté avec ses éléphants.
Pont suspendu, communément appelé passerelle par les autochtones, fut construit au début du XXe siècle par les propriétaires du domaine de l’Ile pour permettre aux piétons de ne pas attendre le passage du bac pour traverser l’Hérault. N’étant pas sécurisé, de nos jours il n’est plus utilisé.
Pont moyenâgeux construit sur la Thongue en 1575, il fut réparé en 1742 après avoir été endommagé par une crue. Il était le seul accès au village sur le chemin de Pézenas à Saint Thibéry. Il a vu partir les républicains de la commune hostiles au coup d’état du Prince Louis Napoléon en décembre 1851. Une colonne commémore cet événement.